Gros Plan

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Par Daria Marx
9 août · 6 mn à lire
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Le sport ce continent hostile, 4/4

Il est question dans ce dernier épisode de la thématique : d'avoir un souci de concentration et d'ennui à la répétition, de suivre les ordres d'un coach qu'on déteste, de trouver un endroit bienveillant en soi pour s'essayer à l'activité sportive sans se juger ou se détester, et de recommandations de comptes à suivre.

C’est par l’intermédiaire algorithmique et nébuleux d’Instagram que me vient la révélation. J’ai beau m’astreindre à la nage et à la marche, je ne suis pas satisfaite. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de trouver quelque chose qui me fait transpirer, soulever des gros trucs, et grogner comme un mec cis après l’amour.  Et je dois reconnaître que le rythme balade / piscine qui rythme à présent mes journées m’est vite devenu indispensable. Je me sens mieux après avoir nagé, après avoir marché. Plus apaisé. Plus vivant. Il me manque néanmoins les compétences, le savoir nécessaire pour nous lancer, moi et mes 150+ kilos, dans des mouvements qui risquent de me blesser ou de me dégoûter à jamais. Je n’ai pas la patience de trier des milliers de vidéos Youtube ou de lire des méthodes de musculation pour les nuls. J’essaie vaguement de tirer sur des machins reliés à des poids sur le banc de musculation désuet de ma salle de sport, mais ca ne marche pas tout seul, aucun miracle de type apparition miraculeuse de biceps. Il me faut un.e prof.e, un.e coach.e.

L’idée de faire appel à une vraie personne à qui je suis obligée de parler, de raconter mes journées sort vite de l’équation des possibles. Je ne veux absolument pas me retrouver avec quelque’un‧e que je vais devoir éduquer à la pédagogie avec les personnes grosses, je ne veux pas me faire humilier par un coach sadique, et si je suis honnête, j’ai la flemme de parler à un‧e inconnu‧e. Les relations sociales me demandent souvent beaucoup d’efforts, et je ne veux pas que saluer ma potentielle coach en devienne un. Et puis il y a le léger souci du prix. Le sport adapté n’est toujours pas remboursé. Malgré les offres alléchantes de retour sur impôts et autres chèques emploi-service, à Paris, on est très souvent au dessus de 50 euros pour une heure, ce qui est hors de mon budget. J’ai déjà un psychologue à ce tarif, on ne peut pas tout faire. 

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